L'oiseau, en soi

/ Exposition /

Chapelle du Saint-Esprit, Auray
13 mai - 9 juillet 2023

« Et si un oiseau résidait en chacun de nous ? »

Cette question jalonne les œuvres installées au cœur de la Chapelle du Saint-Esprit d’Auray, en nous conviant à une introspection inhabituelle. Mêlant installations et cinéma d’animation dans un dialogue teinté de chants, cette exposition nous donne à voir «L’Oiseau, en soi».

À travers ce travail, l’oiseau est placé au centre de toute notre attention, comme une invitation à le considérer en soi, pour ses qualités intrinsèques. Il constitue un sujet à penser en profondeur dans toute sa singularité, dans toute son étrangeté. Une approche ornithologique insolite s’ouvre à travers cette incitation, articulant le naturalisme et l’animisme, deux manières de percevoir le monde. En convoquant ces deux ontologies nous nous accordons avec l’anthropologue Philippe Descola : la séparation Nature / Culture n’est qu’une projection humaine, une frontière qui n’existe pas. Il y a simplement des humains et d'autres êtres vivants.

Habiter en oiseau
La notion de territoire se veut prégnante dans cette exposition, qui soulève une question volatile : que signifie le fait d’ « habiter en oiseau » ? Cette formule tirée du livre de l’éthologue Vinciane Despret nous convie à une forme d’empathie, à un regain de sensibilité nécessitant un arrachement à soi. Comprendre les manières dont les oiseaux peuplent la Terre implique de s’extraire, un instant, de sa peau d’être humain.

Aussi, les œuvres présentées questionnent, à leur manière, les complexités propres à l’acte de territorialisation des oiseaux.

Une infinité de variations
Les oiseaux déploient une infinité de manières d’être au monde, tout en nuances. À ces variations il convient d’accorder la plus grande importance. C’est également à cela que nous invitent les œuvres présentées : focaliser notre attention sur l’infime, sur cette somme de détails qui constitue la beauté du peuple des cieux. Le moindre battement d’aile est décomposé, redessiné, amplifié, grâce au potentiel du cinéma d’animation.

Questionner ces manières d’être propres aux oiseaux implique nécessairement des renversements : basculements d’échelle, de perspective. Dans cette exposition, le territoire est mis en branle, déséquilibré. Et pour cause : il n’y a rien de plus mouvant q’un territoire. Le Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan constitue un cadre idéal pour cette recherche, au regard de la variété des espèces qui y vivent.

Mêlant le sensible à l’intelligible, nous avons tenté de déployer pour l’exposition un langage plastique qui parle pour les oiseaux : pour, c’est-à-dire à leur attention, mais aussi en leur nom. Au nom et à l’attention, aussi, de l’oiseau qui vit en nous.

Juliette Gautier et Thomas Baudre